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Jean-Claude Romand

- Wikipedia, 25/01/2012

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Jean-Claude Romand, né le 11 février 1954 à Lons-le-Saunier, est connu pour avoir, en 1993, assassiné sa femme, ses enfants, ses parents, tué son chien et pour avoir caché pendant dix-huit ans sa vie réelle à ses proches. Il a été condamné en 1996 à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 22 ans. Il purge sa peine à la maison centrale de Saint-Maur, banlieue de Châteauroux (Indre, France).

Sommaire

Le crime

Le 9 janvier 1993, à son domicile de Prévessin-Moëns, route de Bellevue, il tue sa femme Florence (née Crolet) à l'aide d'un rouleau à pâtisserie, sa fille Caroline, âgée de 7 ans, et son fils Antoine, 5 ans, à l'aide d'une carabine .22 Long Rifle. Après cette tuerie, il range la maison, sort en ville, puis passe la soirée à regarder la télévision. Parti déjeuner chez ses parents (Aimé et Anne-Marie Romand) dans leur maison de Clairvaux-les-Lacs, il les tue selon le même mode opératoire. Il passe la soirée avec son ancienne maîtresse, Corinne Hourtin, tente de la tuer à son tour en forêt de Fontainebleau mais n'y parvient pas. Enfin, il rentre chez lui, et met le feu à sa maison à 4 heures du matin dans la nuit du dimanche au lundi, après avoir avalé des barbituriques périmés de 10 ans. Mais le feu éclate à l'heure où passent les éboueurs, ce qui permet aux pompiers de le sauver. Les pompiers retrouveront les corps des enfants et de la mère à l'étage dans leurs chambres respectives, imbibés d'essence.

Biographie

L'enquête montrera rapidement que Jean-Claude Romand n'est pas l'homme que décrivent ses proches. Sans travail, il avait berné sa famille et ses amis durant des années en se disant médecin et chercheur à l'OMS (Organisation mondiale de la santé) à Genève. En fait, il n'avait jamais dépassé le stade de la deuxième année d'études de médecine, et vivait des sommes d'argent qu'il avait escroquées au fil des ans dans son cercle de relations (parents, beaux-parents, maîtresse) sous prétexte de placements en Suisse — il était allé jusqu'à vendre à prix d'or de faux médicaments contre le cancer. Il semble qu'au moment des faits, sa famille était sur le point de découvrir la vérité à son sujet ; de plus, ses ressources s'étaient progressivement épuisées. Acculé, pris à son propre piège, il n'avait trouvé pour seule échappatoire que l'assassinat.

Jean-Claude Romand fut par ailleurs le seul témoin de la mort de son beau-père, Pierre Crolet, qui fit le 23 octobre 1988 une chute mortelle dans l'escalier de sa maison, quelques jours après avoir demandé le remboursement d'une partie de son placement. Mais Romand ne sera jamais poursuivi, la justice s'en tenant à la thèse de l'accident[1].

Anecdotes

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  • Élève particulièrement studieux, Jean-Claude Romand a passé avec succès le baccalauréat en 1971 avec un an d'avance. Il a obtenu la note de 16/20 à l'épreuve de philosophie dont le sujet était la Vérité existe-t-elle ?[2].
  • Convié avec son épouse à un dîner chez un ami médecin, Jean-Claude Romand s'est retrouvé à discuter avec un autre convive, cardiologue de profession, sur des sujets médicaux assez pointus. À la fin de la soirée, après le départ du couple, le praticien aurait parlé de Jean-Claude Romand à son hôte en ces termes : « À côté de gens comme lui, on se sent tout petit »[3].

Culture

Livres

  • Ce fait divers singulier a inspiré le livre L'Adversaire d'Emmanuel Carrère. Au terme d'une enquête rigoureuse, l'auteur, qui a correspondu avec Jean-Claude Romand et assisté à son procès, tente de percer le mystère de cet homme, offrant quelques pistes d'explication à ses énormes mensonges, mais laissant ouvertes la plupart des questions que pose ce cas unique dans les annales judiciaires.
  • Le roman Rouge, paire, impasse d'Ysa Dedeau semble lui aussi s'inspirer librement de l'affaire Romand. L'histoire est celle d'un homme qui fait croire à des femmes qu’il est un grand reporter/documentariste pour la télé, s’inventant une vie rêvée pour séduire et escroquer mais qui, pris dans de nombreuses contradictions, se retrouve dans une impasse meurtrière.
  • L'Affaire Romand : le narcissisme criminel, par Daniel Settelen et Denis Toutenu, psychiatres, analyse l'affaire au travers du comportement de pervers narcissique atteint de mélancolie.
  • Dans Libres de savoir, Ouvrir les yeux sur notre propre histoire, chez Flammarion (2001), Alice Miller évoque cette histoire en s'appuyant sur le livre L'Adversaire d'Emmanuel Carrère. Elle montre comment un enfant, pris au piège de son éducation, sans témoin secourable pour l'aider à ouvrir les yeux sur les pressions qu'il a subies dans son passé, peut aboutir à des crimes terribles comme celui de M. Romand. Les détails donnés dans le livre d'Emmanuel Carrère sur l'enfance de Jean-Claude Romand, selon elle, donnent des pistes sérieuses pour comprendre comment cet enfant, dans un climat familial de transparence obligée, est cependant contraint de mentir pour se conformer à ce que l'on attend de lui : être un enfant sage, obéissant, qui réussit de la façon dont on le lui demande. Acculé à la vérité, à la transparence, il ne pourra se concevoir ayant menti, d'une part, et non conforme au modèle attendu, d'autre part.

Films

  • L'Adversaire est une adaptation assez fidèle du livre d'Emmanuel Carrère, réalisée par Nicole Garcia avec Daniel Auteuil dans le rôle principal.
  • L'Emploi du temps de Laurent Cantet est une adaptation très libre du même fait divers, mais ne reprend que le thème de l'imposture, sans la dimension criminelle de l'affaire.
  • Le roman d'un menteur, documentaire de Gilles Cayatte et Catherine Erhel, fait parler des personnes ayant connu le meurtrier.
  • Le film espagnol La vida de nadie d'Eduard Cortés reprend aussi l'histoire de Jean-Claude Romand.
  • Dans la série New York section criminelle (Law and Order: Criminal Intent), l'épisode 1x16 (« Phantom » ou en français « L'homme qui n'existait plus ») s'inspire de ce fait divers en racontant l'histoire d'un homme mentant à tout son entourage en se disant expert en économie à l'ONU.
  • Dans la série New York, unité spéciale (Law and Order: Special Victims Unit), l'épisode 8x20 (« Annihilated ») s'inspire du crime de Romand en racontant l'histoire d'un homme menant une double vie jusqu'au jour où son amante meurt. Sa double vie est alors découverte et l'homme tue sa femme et ses enfants, tout comme Romand.

Télévision

Notes et références

  1. Prévessin-Moëns, « La double vie consumée de Jean-Claude Romand » sur Libération, 22 avril 2009
  2. L'Adversaire, Emmanuel Carrère
  3. Faites entrer l'accusé (2007)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes


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