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Alain Lamare

- Wikipedia, 8/01/2012

Alain Lamare, né en 1956, était un gendarme français connu du grand public sous le surnom de « tueur de l'Oise »[1] ou de « tueur fou de l'Oise »[2]. Coupable de plusieurs crimes de mai 1978 à avril 1979[2] dans le département de l'Oise, le fait qu'il soit une des personnes censées arrêter le tueur causera beaucoup de trouble. Arrêté, il sera reconnu irresponsable et ne sera pas jugé.

Sommaire

Contexte

Dans l'Oise, c'est alors la « psychose » suite à l'affaire Marcel Barbeault (le « tueur de l'ombre »[2]) qui s'est déroulée quelque temps auparavant.

L'affaire

La progression

En mai 1978[1], la voiture volée puis abandonnée d'une femme de gendarme est retrouvée dans la forêt de Chantilly avec un plan pour le braquage de la poste de Pierrefonds[1]. Des indices qui se révèleront sciemment laissés par le criminel mettront les forces de l'ordre sur la piste du grand banditisme[1]. Cette trouvaille est rapidement reliée avec l'agression d'une jeune femme de 17 ans à Pont-Sainte-Maxence[1], puis une voiture piégée qui blessera un gendarme à Creil[1].

Alain Lamare va jusqu'au meurtre, puisque dans la journée du 1er décembre 1978, il tue froidement à Chantilly une jeune fille de 19 ans qu'il avait pris en stop[3].

Le tueur nargue les militaires en leur envoyant des lettres manuscrites revendiquant les faits[1]. Pire, il semble montrer une progression dans la gravité de ses actes : deux nouvelles agressions de femmes (une blessée grièvement et une paralysée[1]) et le braquage de la poste de Senarpont[1]. Au total, il sera relié avec certitude à un meurtre et cinq tentatives[1].

L'homme laisse des indices et des empreintes. On établit des portraits robots mais il arrive à échapper aux forces de l'ordre. Déjà des doutes sur la proximité entre les forces de l'ordre et le tueur sont soulevés, mais rapidement rejetés car la hiérarchie ne peut même pas envisager cela.

L'arrestation

Le 8 avril 1979[1], suite aux soupçons d'un de ses anciens chefs (style d'écriture et portrait robot) et avec les éléments qu'il rassemble ensuite (il constate que Lamare était systématiquement en repos ou en congé, hors de la brigade, les jours des meurtres ou des vols de voitures[1]), le gendarme Alain Lamare est arrêté.

Lamare servait dans une brigade du PSIG (Peloton de surveillance et d'intervention) de Chantilly[1] et participait même aux enquêtes (il qualifiait par ailleurs le meurtrier de « salaud de tueur »[2]). On se rendra compte après que c'était presque toujours lui le premier arrivé sur les lieux. Il est confondu par ses empreintes et finit par avouer. La fouille de son appartement confirme les faits[1].

Gendarme et meurtrier

Pour la gendarmerie, cette arrestation est un séisme : l'hypothèse de la culpabilité d'un gendarme avait en effet été évoquée dès le début des meurtres (un style de rédaction caractéristique à la Gendarmerie) mais écartée sans vérification parce qu'impensable pour la hiérarchie. Un général de gendarmerie, la nuit de son arrestation, lui fait signer une lettre de démission pour sauver l'honneur de l'institution.

Impact médiatique

L'affaire du tueur de l'Oise qui occupait déjà les médias, connaît alors un fort retentissement médiatique. Foule et journalistes se pressent le lendemain matin, lors de la perquisition de l'appartement de Lamare en présence de ce dernier. Un accident de la route se produira d'ailleurs dans le cortège des voitures de presse essayant de suivre les voitures de gendarmerie, entraînant la mort d'un adolescent.

Irresponsable

Après une bataille d'experts psychiatriques, Alain Lamare est déclaré irresponsable de ses actes[1], atteint d'une maladie mentale rare : l'héboïdophrénie[1] (une forme de schizophrénie). Il ne sera jamais jugé[1],[2] et une ordonnance de non-lieu est rendue en 1983. En 2009, il était toujours interné à l'hôpital psychiatrique de Sarreguemines. Contrairement à ce qui est parfois affirmé, il n'appartient plus à la gendarmerie nationale. Il ne perçoit donc pas de solde, puisque celle-ci n'est servie qu'à du personnel placé en situation d'activité. En conséquence, de par son statut de militaire il a été radié des cadres d'office par suite d'infirmités non imputables au service. Sa très faible ancienneté de service fait obstacle en outre, à tout droit à solde de réforme, ainsi qu'à l'ouverture de tout droit à pension de retraite. Que sa démission ait été rendue caduque du fait de son irresponsabilité pénale ne change rien à l'affaire. Son lien avec le ministère de la défense est donc définitivement rompu. Si Lamare avait été accessible à une peine, et donc jugé, il serait probablement aujourd'hui libre. Dans l'état qui est le sien, c'est-à-dire malade incurable et non condamné, la société a pu légalement le mettre à l'abri en l'internant à vie, en lui octroyant des soins à perpétuité.

Le thème au cinéma

Le thème du « criminel impensable » avait déjà été évoqué en 1970 au cinéma dans Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, un film de l'Italien Elio Petri avec Gian Maria Volonte dans le rôle principal. Cinq ans avant, Costa-Gavras adaptait à l'écran le roman Compartiment tueurs qui évoquait le rôle d'un enquêteur criminel enquêtant sur ses propres crimes.

Lien externe

Voir aussi

Bibliographie

  • Yvan Stefanovitch et Martine Laroche, Un assassin au-dessus de tout soupçon, Éditions J'ai lu, série Crimes & enquêtes, 2001, 310 pages. (ISBN 978-2-277-07051-1)
Documentaires

Notes et références

  1. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, o, p, q et r Il y a 30 ans, l'étrange cas Alain Lamare sur courrier-picard.fr, Le Courrier picard. Mis en ligne le 10 Août 2009, consulté le 13 août 2009
  2. a, b, c, d, e, f et g Faites entrer l'accusé: saison 2004/2005 sur programmes.france2.fr, France 2. Consulté le 13 août 2009.
  3. Je suis l'oncle maternel de la jeune fille assassinée le 1er décembre 1978 à Chantilly.

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