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Germaine Berton

- Wikipedia, 1/12/2011

Germaine Berton (Germaine, Jeanne, Yvonne) (7 juin 1902- 5 juillet 1942 (à 40 ans) à Paris), militante anarchiste française. Son nom reste associé au meurtre de Marius Plateau, directeur de la Ligue d’Action française et de sa branche militante les Camelots du roi.

Sommaire

Biographie

Issue du milieu ouvrier, Germaine Berton travaille d’abord comme ouvrière dans une usine. Elle se consacre très tôt à la vie militante en devenant secrétaire adjointe des comités syndicalistes révolutionnaires et en se rapprochant du Parti communiste. En 1922, elle se joint d’abord à l'Union Anarchiste de Paris pour ensuite rejoindre le groupe des anarchistes individualistes du quatorzième arrondissement. La même année, elle est emprisonnée à Saint-Lazare pour outrage à un secrétaire de commissaire de police ; elle milite également dans le comité de Défense des marins de la Mer Noire.

Assassinat de Marius Plateau

Le 22 janvier 1923, elle assassine le secrétaire de la Ligue d'Action française Marius Plateau d’un coup de revolver au siège de l’Action française à Paris. Elle avait d'abord souhaité s’en prendre à un dirigeant bien connu du mouvement nationaliste comme Charles Maurras ou Léon Daudet, mais ce fut Plateau qui fut victime de son attentat, après que celui-ci l’eut vraisemblablement agressée verbalement. Par la suite, Germaine Berton tenta de se suicider pour échapper aux poursuites.

Son procès fut très médiatisé. Défendue par Henry Torrès et bien qu'ayant revendiqué son crime[1], elle fut acquittée le 24 décembre 1923, tout comme l'assassin de Jean Jaurès quatre ans plus tôt.

Durant la période du procès, le journal anarchiste Le Libertaire organisa une campagne de solidarité pour soutenir Germaine Berton et plusieurs militants anarchistes connus comme Séverine assistèrent au procès. Le numéro 210 (26 janvier - 2 février 1923), du journal n’hésite pas à parler de « l’héroïque Germaine Berton ». Parallèlement, les surréalistes avaient également pris la défense de la jeune anarchiste. Dans le numéro de février mars 1923 de Littérature Louis Aragon soutient totalement son geste en précisant que face à un groupe qui menace la liberté, un individu peut « recourir aux moyens terroristes, en particulier au meurtre, pour sauvegarder, au risque de tout perdre, ce qui lui paraît – à tort ou à raison – précieux au-delà de tout au monde »[2]. Son portrait – entouré de photos de 28 membres et proches du groupe – fit également l’objet d’un photomontage publié dans le numéro du 1er décembre 1924 de La Révolution surréaliste avec cet épigraphe de Baudelaire : « La femme est l'être qui projette la plus grande ombre ou la plus grande lumière dans nos rêves »[2]. Germaine Berton a été selon l'expression du biographe d'André Breton Mark Polizzotti « la première anti-héroïne surréaliste » à l'instar de Violette Nozière[3], incarnation de « la Révolution et de l'amour » selon l'expression de Breton rapportée à l'époque du procès par sa femme dans une lettre[2].

Acquittement et nouvelle arrestation

Après son acquittement, Berton entreprend une tournée de conférences. Le 22 mai 1924 - à la suite de bagarres suscitées par l’une de ses conférences à Bordeaux - Germaine Berton est à nouveau arrêtée. Condamnée à quatre mois de prison et 100 francs d’amende, elle sera internée au Fort du Hâ. Refusant la détention, elle fit la grève de la faim pendant huit jours et dut être transportée à l’hôpital Saint-André le 30 mai (elle cessa la grève le 31). Durant cette période, Germaine Berton souffre de troubles mentaux et tente à plusieurs reprises de se suicider.

Après cet épisode, Germaine Berton semble avoir abandonné ses activités militantes. Elle ne fréquente plus les milieux anarchistes. Son état civil indique qu’elle s’était mariée à Paris le 17 novembre 1925 avec Paul Burger. Elle a probablement tenté de se faire oublier. Elle ne fait plus parler d'elle jusqu'en 1942 lorsqu'elle absorbe volontairement une forte dose de Verdonal ; elle décède à l'hôpital Boucicaut alors qu'elle n'avait que 40 ans[4].

Notes et références

  1. Fanny Bugnon, « Germaine Berton, une criminelle politique éclipsée », Nouvelles Questions Féministes, vol. XXIV, 3, 2005, p.68-85.
  2. a, b et c Marguerite Bonnet, André Breton, Naissance de l'aventure surréaliste (1975), José Corti, 1988, p. 270-271.
  3. Mark Polizzotti, André Breton, Gallimard, 1999, p. 446.
  4. Le grand secret de Germaine Berton

Liens externes


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