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La Vieille Taupe

- Wikipedia, 15/09/2011

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La Vieille Taupe est à l'origine une librairie d'ultra-gauche dirigée par un collectif militant du même nom, ouverte à Paris en septembre 1965. Cette librairie a fermé ses portes en 1972. Le nom a ensuite été utilisé, à partir de 1979, pour une maison d’édition négationniste, dirigée par un ancien de la librairie.

Le nom provient d'une citation très répandue de Karl Marx sur la révolution[1] ainsi que du philosophe Hegel[2]. Rosa Luxemburg avait donné ce nom à un texte de 1917[3].

Sommaire

Vieille Taupe 1 (librairie) : 1965-1972

La librairie de La Vieille Taupe est ouverte en 1965 au numéro 1 de la rue des Fossés-Saint-Jacques, dans le 5e arrondissement. À partir de 1966, quelques-uns des animateurs de La Vieille Taupe militent au groupe Pouvoir ouvrier. Le collectif comprendra entre autres Pierre Guillaume, François Cerutti (plus connu sous le pseudonyme François Martin), Jacques Baynac, Bernard Ferry et Americo Nunes da Silva[4].

La librairie vend différents textes de gauche et d’extrême gauche, ainsi que des revues militantes. Dès 1966, cependant, l’Internationale situationniste retire ses publications de la librairie[4]. Elle propose également les titres des Éditions Spartacus de René Lefeuvre[4].

La librairie joue un rôle dans la diffusion de textes peu connus, notamment en mai 68, auquel ce groupe informel prend part intensément, son action étant relatée par Jacques Baynac dans Mai retrouvé (éditions Robert Laffont, 1978).

En octobre 1967, les animateurs de La Vieille Taupe sont exclus de Pouvoir ouvrier[4]. Le groupe est rejoint après Mai-68 par Gilles Dauvé, Christine Martineau, et Jean-Pierre Carasso[5]. Le nouveau collectif est progressivement attiré par le bordiguisme. En 1972, la Vieille Taupe s'autodissout. Gilles Dauvé crée alors le bulletin Le Mouvement communiste. La librairie ferme le 15 décembre 1972. Gilles Dauvé participe par la suite à la fondation de la revue La Guerre sociale [6].

Vieille Taupe 2 (édition négationniste) : 1979-1991

En 1979, Pierre Guillaume republie un livre du négationniste Paul Rassinier, et reprend pour l’occasion le nom La Vieille Taupe - cette « renaissance » sous la forme d'une maison d'édition n’a que le nom en commun avec La Vieille Taupe des années 1960. Dès 1979, Pierre Guillaume apporte son soutien à Robert Faurisson. Ces faits sont à l'époque condamnés publiquement par certains anciens membres de La Vieille Taupe de 1968, comme Jacques Baynac ou Bernard Ferry. Jacques Baynac écrit en 1980 que, « à l’exception de M. Pierre Guillaume […], aucun des fondateurs et « piliers » de ce groupe informel […] ne cautionne l’actuelle Vieille Taupe »[7] .

Plusieurs textes collectifs dénoncent ces agissements négationnistes : une tribune publiée en octobre 1980 dans Libération par Jacques Baynac (ancien de la première Vieille Taupe) et d'autres militants de l'« ultra-gauche »[8], et en 1992 le texte "Les Ennemis de nos ennemis ne sont pas forcément nos amis", signé également par un certain nombre de militants « ultra-gauche »[9].

En 1990, Pierre Guillaume rouvre une librairie au numéro 12 de la rue d'Ulm. La Vieille Taupe de la rue d'Ulm diffuse aussi bien des ouvrages négationnistes que d’autres textes[10]. Selon Valérie Igounet, « la nouvelle Vieille Taupe n’a que le nom de commun avec la première »[11]. Des manifestations hostiles à la librairie amènent Pierre Guillaume à la fermer en 1991[11].

Vieille Taupe 3 (Revue)

À partir de 1995, Pierre Guillaume a fait publier une revue « La Vieille Taupe », à parution très irrégulière. Le second numéro, qui sort en décembre 1995, est un texte de Roger Garaudy, Mythes fondateurs de la politique israélienne à teneur négationniste qui finit par faire grand bruit, apportant à cette nouvelle Vieille Taupe, un souffle médiatique et financier inespéré[12]. L'adoption de la loi Gayssot et la condamnation de Pierre Guillaume par l’ensemble de l'extrême-gauche ont considérablement réduit depuis ses activités.

Référence

  1. « Nous reconnaissons notre vieille amie, notre vieille taupe qui sait si bien travailler sous terre pour apparaître brusquement… » Karl Marx
  2. « Souvent, il semble que l’esprit s’oublie, se perde, mais à l’intérieur, il est toujours en opposition avec lui-même. Il est progrès intérieur - comme Hamlet dit de l’esprit de son père : "Bien travaillé, vieille taupe!" » G. W. F. Hegel
  3. Rosa Luxemburg, La vieille taupe, mai 1917, sur le site de marxists.org
  4. a, b, c et d Christophe Bourseiller, Histoire générale de l'ultra-gauche, Denoël, 2003, p.276-280
  5. Christophe Bourseiller, Histoire générale de l'ultra-gauche, Denoël, 2003, p. 423.
  6. Christophe Bourseiller, Histoire générale de l'ultra-gauche, Denoël, 2003, p. 433-434
  7. Jacques Baynac, lettre au Monde, citée par Valérie Igounet, Histoire du négationnisme en France, 2000, p. 262.
  8. Valérie Igounet, Histoire du négationnisme en France, Éditions du Seuil, 2000, p.291
  9. Valérie Igounet, Histoire du négationnisme en France, Éditions du Seuil, 2000, p.485
  10. Valérie Igounet, op. cit., p. 468.
  11. a et b Valérie Igounet, op. cit., p. 469.
  12. Valérie Igounet, op. cit., p. 472.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes


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