Actions sur le document

Guy Cornély

- Wikipedia, 13/11/2010

Guy André Lazart Cornely (né en septembre 1921 à Pointe-à-Pitre, Guadeloupe - mort le 26 avril 2005 aux Abymes, Guadeloupe) est un érudit français d'origine guadeloupéenne.

Véritable passionné de connaissances, il a été tour à tour, militaire, chercheur en biologie et botanique aux connaissances inégalées, historien puis conteur. Tous les témoignages sur cet homme populaire sont unanimes. Décrit comme une figure humaine emprunte d’une grande gentillesse et d’une grande humilité, il s’est imprégné, pendant toute sa vie, de l’essence de disciplines très diverses en gardant toujours en tête, un seul objectif : le partage de ses connaissances.

Sommaire

Participation à la Seconde Guerre mondiale

En 1939, il a dix-huit ans quand il intègre la marine nationale et participe à l’opération du débarquement de Normandie. Le 6 juin 1944, au large des côtes normandes, Guy Cornely, avec 50 autres soldats français, fait partie de l’équipage du Courbet, un grand bâtiment de la marine française. La mission de ces hommes était de saborder leur moyen de navigation pour servir de barrage et constituer ainsi le pont qui allait alimenter l’offensive contre les Allemands.

Parti la veille de Portsmouth en Angleterre, le Courbet va essuyer plusieurs tempêtes avant de se placer au petit matin, en face des côtes françaises, paré pour le sabordage. Un souvenir impérissable dans l’esprit de Guy Cornely qui, lors d’un reportage retraçant son histoire pendant la Seconde Guerre mondiale nous confiait qu’après les premières explosions, et alors que le bateau prenait déjà l’eau, le commandant du Courbet se rendit compte qu’il avait oublié des documents importants dans son bureau, au fond du bateau. Cornely fut désigné pour les lui ramener, et c’est sans précipitation ni panique, alors que l’eau lui arrivait déjà au niveau des jambes, que ce dernier les lui rapporta. Par la suite, la mission ayant repris son cours, le sabordage put créer une digue et une forteresse qui permirent aux autres soldats d’opérer sur la plage. En mettant pied à terre sur la terre normande, Guy Cornely se rappelle la pensée qu’il avait eue en cet instant historique : « Me voici Schoelcher... Je libère ta France après que tu m’as libéré. » Une fois la guerre finie, il se mit en route vers la Guadeloupe. Il faudra attendre l’année 1994 pour qu’il soit officiellement récompensé par les autorités françaises.

Éminent chercheur à l’Institut Pasteur

Après être revenu sain et sauf au pays, il se prend d’affection pour la flore de son île. Il épouse la carrière de botaniste, naturaliste, mais il est également très connu comme un parasitologiste très actif. À partir de l’année 1944, il travaille à l’Institut Pasteur de la Guadeloupe, établissement au sein duquel il prend une part active dans la lutte contre les maladies qui frappent durement la population guadeloupéenne, notamment la Bilharziose mais aussi la maladie appelée « maladie du gros pied » grâce à l’action d’un mollusque.

D’anciens collègues se remémorent ses méthodes paternalistes envers les plus jeunes et c’est avec amusement qu’ils évoquent les surnoms dont Guy Cornely les affublait affectueusement.

Un véritable érudit

Son parcours ne s’arrête pas là. Véritable touche-à-tout et passionné par son pays, il avait l’art de captiver l’attention, et s’était improvisé conteur. Au contact de Vélo, tambouyé (joueur de tambour) de talent, il s’était improvisé chanteur et avait composé avec celui-ci un morceau de Gwoka figurant dans l’album « Nostalgie Caraïbes » Il avait aussi développé depuis toujours son goût pour l'écriture et s’était lancé dans la publication d’un recueil intitulé L’Enfant pour lequel il avait reçu le prix Alysée en 2003. Max Rippon, poète guadeloupéen et auteur de nombreux recueils de poésie, décrivait les poèmes de Guy Cornely comme étant « des textes du terroir, des paroles de soubassement avec une grande magie de quelqu’un qui connaît le pays dont il parle, et qui fait l’inventaire des racines jusqu’au dernier degré et qui tutoie chaque roche, chaque fossile, chaque tesson. »

Ouvert à la modernité, il s’était essayé à la radio sur le réseau RFO (Réseau France Outremer) en collaborant notamment avec Robert Dieupart dans une émission consacrée à l’histoire de la Guadeloupe. Cette émission, qu’il anima pendant plusieurs années, a marqué un nombre considérable d’auditeurs. Malgré cette vie chargée, il demeurait un être simple.

De nombreuses personnes se rappellent encore cette image pittoresque de Guy Cornely, sillonnant à vélo les rues de son quartier du Raizet aux Abymes, là où il avait décidé de finir ses jours. Gentiment surnommé « Papy Cornély » par les petits jeunes du quartier, il est resté proche de la population. Quand on lui parlait de la mort, Guy Cornely disait toujours : « Si an pati on jou, fo pa zòt tris pas, an fè, tou sa an té ni pou fè asi latè. » « Si je pars un jour, il ne faut pas que vous soyez triste, puisque j’aurai fait tout ce que je devais faire sur terre »

Ses derniers jours

Quelques jours avant sa mort, il participait au tournage du documentaire que réalisait Euzhan Palcy en collaboration avec Gérard César sur les dissidents pendant la Seconde Guerre mondiale. À la dernière semaine du tournage, pressentant sa mort imminente, il a fait part à la réalisatrice de la prémonition qu’il ne verrait certainement pas le documentaire achevé et a émis le souhait que tous ses amis puissent regarder ce film. Trois jours après, le mardi 26 avril 2005, il s’éteignait au centre hospitalier de Pointe-à-Pitre où il avait été admis depuis peu.

Bibliographie

  • Pêle mêle, Paris, J. Grassin, 1968, 32 p.
  • L'Enfant, poésie, Pointe-à-Pitre, Adelca, 2003, 46 p.

Retrouvez l'article original ici...

Vous pouvez aussi voir...