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Malle sanglante de Millery

- Wikipedia, 30/01/2012

La malle sanglante de Millery, dite aussi malle à Gouffé[1], est une affaire criminelle qui eut lieu en 1889, et qui connut un retentissement extraordinaire. Depuis ce célèbre meurtre de l'huissier de justice Toussaint-Auguste Gouffé, cette affaire sert de nom générique pour les « malles sanglantes ».

Sommaire

Découverte de la malle

Le 13 août 1889, Denis Coffy, un cantonnier longe la route départementale reliant Vernaison à Millery, près de Lyon. Au lieudit « La Tour de Millery », il y fait la sinistre découverte d'un colis se trouvant dans un buisson en contrebas et dégageant une odeur pestilentielle.

À l'intérieur, on découvre un cadavre en décomposition avancée qui n'est plus guère identifiable. Conservé dans le formol, il sera identifié quelques semaines plus tard par le docteur Alexandre Lacassagne grâce à ce qu'on présente aujourd'hui comme les prémices de la police scientifique[2]. Les dents, les cheveux, une cheville cassée permet de reconnaître la victime : il s'agit de l'huissier de justice Toussaint-Auguste Gouffé, agé de 49 ans[3], dont l'étude se trouve au no 148 de la rue Montmartre à Paris est l'une des plus importante de la capitale. Il est décrit comme un veuf respectable de 48 ans, élevant convenablement ses trois filles, mais multipliant néanmoins les « conquêtes féminines »[2].

La découverte d'une malle non loin du lieu où fut retrouvé le corps à Saint-Genis-Laval, relance l'enquête, et un des premiers mandats d'arrêt international est lancé. L'identification de la malle par un aubergiste londonien permet de remonter aux criminels, un couple d'escrocs, Michel Eyraud et sa maîtresse, Gabrielle Bompart.

Déroulement du meurtre

Le 26 juillet précédent, Gabrielle Bompart, attire l'huissier dans l'appartement parisien qu'elle loue, au no 3 de la rue Tronson-du-Coudray dans le 8e arrondissement. L'ayant fait asseoir sur son canapé, tout en jouant de ses charmes, elle lui passe autour du cou le cordon qui fermait sa robe de chambre. Eyraud, dissimulé derrière une tenture, se saisit alors de ce cordon, l'attache à une corde préalablement passée dans une poulie fixée au plafond, et tire. Gouffé meurt ainsi par pendaison[2].

Voyant que l'huissier n'a pas d'argent sur lui, les criminels décident de se rendre à son étude en utilisant les clés qu'il avait sur lui. Eyraud s'y rend seul mais dans la pénombre des locaux et sa précipitation, il ne voit pas les 14 000 F laissés à sa portée sur un bureau. Sans butin, pris de panique, les assassins tentent de se débarrasser du cadavre. Ils placent le corps dans une malle précédemment achetée à Londres et fuient vers le midi de la France en prenant le PLM. Lorsque la malle de 105 kg commence à devenir intransportable (poids, odeur) aux environs de Lyon, ils l'abandonnent. Le couple embarque ensuite pour l’Amérique[2].

Portraits des tueurs

Mais qui sont ces deux tueurs ?

Michel Eyraud, est un individu né vers 1844[4], c'est un mari violent et volage, ayant délaissé son épouse battue et humilié pour embrasser la carrière d'« aventurier ». Il s'engage un temps dans l'armée et va combattre durant l'expédition du Mexique avant de déserter. Il vit alors d'escroqueries et autres affaires véreuses.

Gabrielle Bompart, sa compagne, est âgée tout juste de 21 ans au moment des faits (née en 1868[4]). Petite, assez belle, elle a possède un caractère déroutant peut-être desservie par une jeunesse gâchée par un père égoïste. Malgré son jeune âge, elle traîne néanmoins derrière elle une solide réputation de fille dévergondée.

Arrestation et procès

Gabrielle Bompart, rentrée en France pour nier effrontément toute participation au meurtre, est cependant arrêtée. Elle accable son complice qui poursuit sa cavale entre le Canada, les États-Unis et le Mexique, mais est finalement appréhendé à Cuba où il s'était réfugié, en juin 1890, après avoir échappé plusieurs fois de justesse aux policiers français qui s'étaient lancés à ses trousses[2].

Les deux criminels sont jugés en décembre 1890. Bien que défendu par le célèbre avocat Félix Decori, Michel Eyraud sera condamné à mort et guillotiné le 3 janvier 1891 par le bourreau Louis Deibler.
Maître Henri-Robert qui défendait Gabrielle Bompard, accrédita la thèse que sa cliente avait été la complice involontaire d'Eyraud car soumise à ce dernier par l'hypnose (pratique très en vogue à cette époque). C'est ce qui explique probablement un verdict plus clément pour la jeune femme, puisqu'elle s'en sort avec une condamnation à 20 ans de travaux forcés. Elle sera finalement libérée en 1905, avant le terme de sa peine[5]. Elle reprendra ses activités de danseuse, et son passé inspirera à son public la chanson populaire Gabrielle, Gabrielle[2]. Elle mourra, oubliée, au début des années 1920.

Références

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes


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