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Affaire du talc Morhange

- Wikipedia, 22/12/2011

L’affaire du talc Morhange concerne un cas d'empoisonnement de nourrissons par du talc en France durant les années 1970, conduisant à la mort de 36 enfants et à l'intoxication de 168 autres.

Sommaire

L'affaire

L'affaire débute en août 1972 par la mort inexpliquée de plusieurs nourrissons à Paris et en province. Une enquête menée par l'INSERM établit que ces morts sont dues au talc Morhange et à la présence dans celui-ci d'hexachlorophène, un puissant bactéricide, en concentration excessive[1]. Le gouvernement réagit immédiatement et fait supprimer toutes les boîtes de talc Morhange du marché[2]. À l'époque l'hexachlorophène n'était pas connu comme substance toxique malgré une étude (non publiée) menée sur des cochons d'Inde en 1939 : une dizaine de cochons d'Inde étaient alors morts dans les 3 jours après avoir consommé ce produit.

L'enquête révèle qu’une erreur de manipulation a conduit à mélanger 38 kilos d'hexachlorophène, produit hautement toxique, à 600 kilos de talc. Plus de 200 enfants sont atteints (mort, coma ou séquelles neurologiques) [3]. La présence d'hexachlorophène dans l'usine était connue, mais la teneur de ce composant dans le produit fini devait être très faible ; l'erreur de manipulation a consisté à mélanger un bidon de talc normal, avec un fond de bidon d'hexachlorophène, croyant que ce dernier bidon contenait du talc. Cette erreur conduisit à la mise en circulation de flacons ayant une teneur anormalement élevée de bactéricide.

La toxicité des flacons incriminés n'est donc pas due au fait qu'ils contiennent de l'hexachlorophène, mais à la quantité qu'ils contenaient. La découverte de cette erreur a nécessité plusieurs mois d'investigations, et a permis de comprendre la cause des décès de nourrissons. Le produit ne présentait à l'époque aucun danger particulier dans sa composition nominale.

L'affaire mettra sept ans à être jugée. La société Givaudan et son directeur M. Flahault seront mis en cause et poursuivis. De nombreuses familles, de guerre lasse, abandonneront les poursuites et se contenteront des indemnités proposées par la société Givaudan (1,3 million d'euros pour l'ensemble des familles). L'affaire est jugée en octobre 1979. M. Flahault est défendu par Robert Badinter qui déclare : « Ce n'est pas une société qui est jugée mais un homme, je me sens le devoir de défendre cet homme[4]. » Le principe de responsabilité pénale des personnes morales n'existant pas encore en droit français, seuls des individus pouvaient en effet être poursuivis.

Condamnation et amnistie

Le jugement condamne les cinq inculpés à des peines de prison (un à vingt mois, réduites en appel à douze mois) [5]. En 1981, François Mitterrand devenu président de la République amnistie définitivement tous les condamnés sur proposition de son nouveau Garde des Sceaux, Robert Badinter[2].

Cette affaire a contribué à inciter les pouvoirs publics à renforcer les conditions de mise sur le marché de nouvelles molécules. En particulier, l'usage de produits toxiques dans les cosmétiques a été davantage réglementé[6].

Un suivi avait été mis en place pour évaluer les troubles de l'apprentissage et les difficultés cognitives dont souffrent encore les victimes, mais fut abandonné faute de moyens[2].

Bibliographie

  • Martine Laronche, « Les Enfants du talc Morhange »[7], Le Monde, 27 février 1991

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Karine Gay et Jean-François Picard, « Entretiens avec Constant Burg », Histoire de la recherche médicale dans la France du vingtième siècle (site Internet).
  2. a, b et c Ludovic Tac, 50 ans de faits divers : L'Affaire du talc maudit (documentaire), France 5, mars 2007. Rediffusé le vendredi 15 août 2008.
  3. L'Humanité du 26 mars 1991
  4. Reportage du journal de 20h d'Antenne 2, 19 octobre 1979 sur le site de l'INA.
  5. Quid (Archive, Wikiwix, que faire ?)
  6. « Renforcement de la veille sanitaire » sur le site du Sénat
  7. « Les victimes d'intoxication à l'hexachlorophène ont souffert, indique une étude de l'OMS, de retards dans leur développement intellectuel. »

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